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Paul Verlaine (1844-1896)

À la prison de Mons entre 1873 et 1875

Le 30 mars, à Metz, naît Paul-Marie Verlaine. Sa mère, Elisa Dehée, vient du Pas-de-Calais, alors que son père, le capitaine Nicolas-Auguste Verlaine, est né au Luxembourg belge. La biographie de Paul Verlaine est celle d'un être sans volonté et par conséquent le jouet de ses passions, comme celui des événements et des hommes. Venu très jeune à Paris (il est âgé de 7 ans quand ses parents viennent s'y installer), il assure son existence matérielle par un emploi d'expéditionnaire à l'Hôtel de Ville. C'était pour lui une vie médiocre, sans idéal. La poésie lui permet de s'évader.

Troubles parisiens

Après avoir rencontré sa future épouse, Mathilde Mauté, en 1869, Verlaine tente de tuer sa mère. Il vient de se marier avec Mathilde quand éclate la guerre de 1870. Verlaine commence l'année à Paris, malgré la Commune et l'ordre de Thiers de quitter la capitale, puis de juin à août il se replie vers Fampoux avec son épouse. Pendant le siège de Paris, son goût accrû pour l'alcool le font sombrer dans une vie inquiète, pleine de troubles et, disons-le, en marge de toute moralité. C'est alors qu'il fait la connaissance d'Arthur Rimbaud, génie précoce, âme brillante et violente.

En septembre, Verlaine fait venir Rimbaud à Paris. Les poètes affichent des relations qu'on trouve scandaleuses. À la même époque, Verlaine bat sa femme et la menace de mort. Le 30 octobre, Mathilde accouche d'un garçon, Georges. 1872 est marquée par de nombreux allers et retours de Verlaine entre Rimbaud et Mathilde Mauté. Pour Verlaine, l'année se termine à Londres, alors que Rimbaud vient de retourner en France. Mathilde Mauté, elle, entreprend des procédures de séparation. Sur le plan de sa production poétique, l'année est marquée, pour Verlaine, par la composition des Romances sans paroles, sans doute son plus beau recueil. Verlaine menace de se tuer si Mathilde ne reprend pas la vie commune. C'est le 10 juillet 1873, dans un hôtel bruxellois, que Verlaine tire deux balles de revolver sur Rimbaud. Le 8 août, le poète est condamné à deux ans de prison. Il commence à purger sa peine à Bruxelles puis, en octobre, est transféré à la prison de Mons.

"Cellulairement"

Paul Verlaine est donc emprisonné à Mons entre le 25 octobre 1873 et le 16 janvier 1875, sans être astreint au travail. Dans sa cellule, il compose parmi les vers les plus vibrants de sa riche production. Il songera plus tard à réunir ces textes sous le titre: "Cellulairement". Mais il abandonnera l'idée et les poèmes sont dispersés principalement dans trois recueils: "Sagesse", "Jadis et naguère", et "Parallèlement". Mons joua dans la vie poétique et morale de Verlaine un rôle considérable. Ce séjour le ramena à la foi catholique, conversion qui ne l'empêche d'ailleurs ni de retomber dans les pires vagabondages ni de vanter ses amours homosexuelles. C'est dans sa cellule qu'il composa le poème intitulé "Impression fausse".

"Le meilleur des châteaux"

Lorsqu'il quitte la prison de Mons, il est aigri, marqué et profondément seul. Il ne paraît pourtant pas garder beaucoup de rancune vis-à-vis de ce pays qui vient de l'héberger d'une si triste manière. Paul Verlaine a dépeint ainsi la prison de Mons où il a vécu pendant deux ans: "J'ai naguère habité le meilleur des châteaux. Dans le plus fin pays d'eau vive et de coteaux. Quatre tours s'élevaient sur le front d'autant d'ailes. Et j'ai longtemps habité l'une d'elles... Parmi les escaliers en vrille, tout acier. Et cuivre, luxes brefs, encore émaciés. Cette blancheur bleuâtre et si douce, à m'en croire. Que relevait un peu la longue plinthe noire. S'emplissait tout le jour de silence et d'air pur. Pour que la nuit y vint rêver de pâle azur. Une chambre bien close, une table, une chaise. Un lit strict où l'on peut dormir juste à son aise. Du jour suffisamment et de l'espace assez. Tel fut mon lot durant de longs mois là passé".

Le 21 janvier 1886, la mère de Verlaine meurt. Le poète est sans le sou. Il passe la plus grande partie de cette année-là à l'hôpital, suite à des ulcères qu'il a à la jambe. Les séjours de Verlaine à l'hôpital sont de plus en plus nombreux et de plus en plus longs. Gloire et débauche. Il connaîtra à Paris une gloire réelle, mais malheureusement désargentée. La foi l'abandonne. Et sans volonté, sans conscience, il sombre dans la débauche, connaît les lits d'hôpital... et meurt en 1896.

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